Edito du 30 nov 2020 : "Vivre"

Publié le 02/12/2020

Edito du 30 nov 2020 : "Vivre" - Collège Culinaire de France

« VIVRE ! » 

Ce merveilleux film du cinéaste Akira Kurosawa nous incitait, en son temps, à nous enivrer du souffle du vent. Mais comment vivre avec le souffle coupé, asphyxiés depuis bientôt neuf mois ?

Un grand nombre d’entre nous a été contraint de lancer une activité de vente à emporter ou en livraison. Les loyers, le PGE à rembourser, les congés à payer aux salariés, bien qu’en chômage partiel et les charges reportées, en ont poussé certains à céder aux sirènes des plateformes si éloignées des valeurs que nous partageons au Collège Culinaire de France.

Le modèle du britannique Deliveroo et de l’américain Uber Eats, pour ne citer qu’eux, n’est pas fait pour la qualité ou la singularité. Il est conçu pour la quantité. Quantité de clients, de produits standardisés, de chiffre d’affaires et de revente des données de leurs clients, nos clients.

Le prix de tout, la valeur de rien.

Comment sauver l’artisanat avec 35 % de commissions prélevées par ces plateformes ? Quid de l’exploitation humaine ? Ceux qui ont fait le choix de l’ultra-quantité et l’ultra-rentabilité collectionnent les procès pour l’exploitation de travailleurs précaires et de sans-papiers.

Mais l’éthique a des frontières économiques : la vente à emporter est un autre métier que celui de cuisinier. Et il a un coût : de l’emballage à la création d’un site Internet dans l’urgence, tout cela pour 10% de nos chiffres d’affaires habituels. Cette deuxième vague et ces deux mois de fermeture supplémentaires nous confrontent à des choix difficiles.

Rejoindre provisoirement ces plateformes peut dépanner. Celui qui est dans l’urgence et la nécessité a d’abord le devoir de se sauver ! Mais cela ne peut en aucun cas constituer un modèle pérenne pour notre activité d’artisans de la qualité.

Alors, comment (sur)vivre ?

Comment construire aujourd’hui le monde dans lequel nous voulons vivre demain ?

Au-delà de nos maisons, il s’agit de la survie d’un modèle. Celui de la variété, de la qualité et de la diversité. C’est la culture des trésors culinaires de notre patrimoine ainsi que celle de la convivialité qui est menacée. Celle dont on se délecte dans le Festin de Babette, Garçons ! ou Tampopo.

Nous souhaitons résolument continuer de faire vivre cet esprit si singulier, malgré toutes les difficultés et les obstacles mis en travers de notre chemin.

Nous savons aussi que certains camarades resteront au bord de la route et, dans ce contexte, nous souhaitons plus que jamais que la coopération entre adhérents du Collège s’exprime.

Nous formons un vœu, celui que nous construisions ensemble la place de marché digitale des artisans de la qualité.

Ainsi, restons maîtres de nos data, de la manière dont nos produits et nos assiettes sont présentés, mis en marché et livrés. Parlons-en !

Amitiés confraternelles et gourmandes,

Valérie SAAS-LOVICHI & Stéphane JÉGO

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