Publié le 26/06/2024
Le voyage est créateur de souvenirs mais aussi d’expérience qui peuvent mener à la création d’un nouveau produit. Et cette création peut elle-même ouvrir le champ des possibilités à la solidification d’un modèle économique qui partira désormais de la valeur humaine.
Fanny Boutarin de la maison Boutarin s’est embarquée en 2016 dans un voyage qui la mènera au fil du temps au-delà d’une simple production complémentaire. La découverte de l’ail noir lui permettra de faire de son ail de la Drôme, un produit innovant et qui viendra soutenir toute sa production.
L’ail noir aujourd’hui est désormais connu sur tout le territoire français. Ce produit ultra digeste et qui se conserve plus facilement que son jumeau frais est issu d’une fermentation maîtrisée.
« On produisait de l’ail de la Drôme qui a des caractéristiques très particulières de par les minéraux dans la région. La découverte de l’ail noir nous a donné l’opportunité d’innover et de réutiliser les calibres plus petits et abimés » nous raconte Fanny de Maison Boutarin.
C’est ainsi que commence l’étude et le perfectionnement de la fermentation d’ail. Il s’avère que les Maîtres de l’Ail Noir se trouvent au Japon. Ils détiennent et cultivent un savoir-faire ancestral. « J’ai essayé de contacter le Maître de l’Ail Noir, malheureusement sans succès. C’est pourquoi je me suis tournée vers les chefs de mon réseau avec qui je travaillais. Et cela m’a ouvert la possibilité, en définitive, de créer un produit d’une qualité aussi exceptionnelle que celle qu’on peut trouver au Japon » poursuit Fanny.
L’accompagnement des chefs a été décisif dans la création de ce nouveau produit grâce à une approche de profonde coopération telle qu’on aime la pratiquer au CCF : « pour trouver le juste équilibre J’ai été accompagnée, conseillée et orientée par des hommes de métier passionnés.
Ils m’ont encouragé et ils ont pris le temps de tester mon produit afin que je puisse l’améliorer. Ce qui m’a permis de revenir chaque fois vers eux en étant un peu plus proche de mon but. » exprime Fanny.
Le savoir-être, la création de valeur humaine ajoutée et la coopération sont des piliers fondamentaux pour construire un nouveau modèle qui génère de la valeur économique relationnelle : « Stéphane Buron, avec qui je travaillais dans le perfectionnement de ma recette, m’a présenté l’équipe du Japon au Bocuse d’Or à Lyon. Il s’avère que Ces cuisiniers connaissaient le Grand Maître de l’Ail Noir et j’ai pu enfin le rencontrer ! Sans une démarche capable de susciter ces rencontres, et sans une réelle Coopération entre passionnés je n’aurais jamais pu en arriver là ! » nous raconte Fanny les yeux d’énergie et d’enthousiasme.
Puis se sont suivies pour Fanny des sessions de perfectionnement, toujours en coopération jusqu’à l’aboutissement d’un produit de très haute qualité avec même une douceur particulière que les japonais n’ont pas su répliquer. Il s’agit de la douceur de l’ail IGP de la Drôme, le terroir en pleine expression.
Les produits dérivés de l’ail noir de la Maison Boutarin sont aujourd’hui multiples, tous élaborés en cocréation avec des maisons de qualité. La filière est ainsi valorisée et l’ail noir produit dans différentes régions, chacun avec ses particularités : « Je me suis rendu compte que j’avais besoin des autres pour créer une filière et exister. On se valorise les uns les autres. Chaque terroir recèle une spécificité et chaque terroir s’exprime. On gagnera toujours à être dans l’expression des goûts singuliers et le goût est dans chaque terroir » dit très justement Fanny.
La Maison Boutarin a choisi de ne pas produire plus, mais de produire autrement. Être artisan c’est aussi être entrepreneur. Et le risque de s’isoler génère toujours un aveuglement du champ de ses possibles. Nos potentiels sont puissants si on choisit de ne pas s’aliéner au profit du toujours plus et de la performance financière : « L’aventure entrepreneuriale n’a de sens si elle se construit à partir d’une finalité de valeur ajoutée humaine. C’est ce qui nous anime au quotidien. »